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Zoom Afrique du 24 octobre 2024

Les titres de la rédaction :

  • Rwanda : le gouvernement veut injecter 13 millions $ dans l’arboriculture
  • Coupe du monde 2030 : les projets ferroviaires du Maroc évalués à 8,7 milliards $
  • Le poulet brésilien séduit toujours plus en Afrique, +13% d’importations en 2023
  • Burkina Faso : 589 km de routes en cours de bitumage selon le ministre des Infrastructures

Les analyses de la rédaction :

1. BRICS : une voie vers l’émancipation des pays africains face à la domination occidentale 

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) représentent une alternative stratégique et économique majeure face à la domination des institutions occidentales, telles que le G7 et les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI). Les déclarations de figures panafricaines comme Patient Parfait N’Dom et Prince Aristide Ngueukam mettent en lumière l’importance de ce groupe pour les pays africains en quête d’émancipation économique et politique. 

Selon Patient Parfait N’Dom, militant panafricain et homme politique camerounais, les BRICS offrent des « instruments de souveraineté » et des mécanismes de financement, notamment via la Nouvelle Banque de Développement (NBD), qui peuvent jouer un rôle clé dans le développement des pays africains longtemps marginalisés. Les BRICS incarnent un nouveau paradigme mondial, qui s’éloigne des pratiques coloniales et néocoloniales imposées par les puissances occidentales. Pour lui, cette nouvelle orientation est une formidable opportunité pour le Cameroun et d’autres nations du continent africain qui souhaitent s’affranchir des contraintes imposées par le G7 et les institutions de Bretton Woods, qui ont souvent servi à freiner le développement de ces pays. 

De plus, l’accent mis par les BRICS sur des partenariats égalitaires répond à une aspiration croissante des pays africains qui cherchent à réévaluer leurs relations avec les puissances européennes. Prince Aristide Ngueukam, directeur de publication du magazine Forum Libre International, souligne que les pays africains ont longtemps été soumis aux logiques coloniales dans leurs relations avec l’Occident. Les BRICS, quant à eux, offrent une perspective différente : celle d’une coopération basée sur le respect mutuel et la reconnaissance des intérêts souverains de chaque pays. 

La Russie, par exemple, s’est également engagée dans cette voie en cherchant à renforcer ses relations avec l’Afrique à travers des sommets comme celui de Russie-Afrique. Vladimir Poutine propose des collaborations basées sur des discussions ouvertes entre chefs d’État, centrées sur le développement économique et le progrès des nations africaines, loin des logiques d’exploitation et de domination. 

Les BRICS se présentent donc non seulement comme un bloc économique en plein essor, mais aussi comme un levier pour les pays africains afin de repenser leurs modèles de développement, en s’éloignant de l’influence des anciennes puissances coloniales. Ce nouveau cadre international peut offrir à l’Afrique l’opportunité de rompre avec les logiques néolibérales imposées par l’Occident, tout en créant des alliances plus équilibrées et profitables pour tous. L’émergence des BRICS, en somme, pourrait marquer l’aube d’une ère nouvelle pour le continent africain, celle de la souveraineté économique et de l’autodétermination. 

2. Niger : la suspension des activités d’Orano, un tournant pour la souveraineté minière africaine 

La filiale nigérienne du groupe français Orano, acteur majeur de l’exploitation de l’uranium, se voit contrainte de suspendre ses activités à partir du 31 octobre 2024. Cette décision fait suite à une situation « fortement dégradée » qui paralyse l’exportation du concentré d’uranium produit sur son site d’Arlit. Près de 1 050 tonnes de concentré d’uranium, produites depuis 2023, sont actuellement bloquées sur le site d’Arlit, dans le nord du Niger, en raison de la fermeture des frontières avec le Bénin, rendant l’exportation impossible et privant l’entreprise de près de 300 millions d’euros de revenus. Un conseil d’administration extraordinaire de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr) devrait acter formellement la suspension dans les prochains jours. 

Cette suspension représente un coup dur pour Somaïr, société contrôlée à 63,4 % par Orano et à 36,6 % par la société d’État nigérienne Sopamin. L’aggravation de ses difficultés financières rend impossible la poursuite de la production. « Les frontières avec le Bénin sont toujours fermées, rendant l’exportation impossible », a déclaré la porte-parole d’Orano. Les propositions d’alternatives, comme une exportation aérienne via la Namibie, n’ont reçu aucune réponse favorable, précipitant la décision. 

« On est dans la contrainte, dans l’impossibilité de continuer », a déclaré la porte-parole, rappelant que le site avait déjà rencontré des difficultés par le passé, notamment lorsque la production avait été suspendue entre septembre 2023 et février 2024 en raison de l’incapacité à faire venir des intrants chimiques. 

Passé le 31 octobre, « la maintenance se poursuivra, mais il n’y aura plus de production », a-t-elle ajouté, regrettant une situation « navrante » qui « s’impose à nous », malgré le fait que « le site fonctionne très bien ». Elle a également souligné les conséquences « importantes, et notamment en premier lieu pour nos salariés et les sous-traitants ». 

La situation à Arlit reflète des tensions croissantes autour de l’exploitation des ressources naturelles au Niger. Le gouvernement, qui a fait de la souveraineté un de ses piliers, ne cache pas son intention de revoir en profondeur les accords avec les compagnies étrangères. Cette volonté de réforme s’est concrétisée en septembre dernier, lorsque le conseil des ministres a adopté un décret portant création d’une société d’État, la Timersoi National Uranium Company (TNUC), dans l’optique de mieux contrôler l’exploitation de l’uranium. 
Le site d’Arlit, exploité depuis 1971, est la seule mine encore en activité par Orano au Niger. Mais avec la suspension de la production, ce sont 1 050 tonnes de concentré d’uranium, stockées depuis 2023, qui se retrouvent bloquées, privant le groupe de près de 300 millions d’euros de revenus. Cette matière première, cruciale pour l’alimentation des centrales nucléaires françaises, reste pour l’heure inaccessible. 

L’uranium nigérien a toujours été stratégique pour la France, dont les centrales nucléaires dépendent largement de ce minerai. Malgré les difficultés actuelles, Orano se veut rassurant quant à l’approvisionnement de ses clients, grâce à la diversification de ses sources, notamment au Canada et au Kazakhstan.  

Le Niger, riche en uranium, pourrait bien redéfinir les règles du jeu pour l’ensemble des compagnies minières étrangères présentes sur son sol. Pour Orano, cette suspension est une étape critique, marquant l’aboutissement des mois de négociations infructueuses avec le régime dirigé par le général de brigade Abdourahamane Tiani, Président du CNSP fermement décidé à redessiner le paysage économique du pays. Les conséquences de cette crise, tant sur le plan économique que social, risquent d’être lourdes pour toutes les parties impliquées. 

3. L’intégration des pays de l’AES au BRICS : un pas vers une nouvelle souveraineté africaine 

L’Alliance des États du Sahel (AES), fondée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a été un tournant décisif pour l’autonomie sécuritaire et la réaffirmation de la souveraineté de ces pays sahéliens. Mais en envisageant leur intégration au sein du groupe des BRICS, cette alliance pourrait amplifier ses ambitions en s’associant à une coalition économique et géopolitique mondiale, renforçant ainsi la rupture avec les anciennes puissances coloniales et proposant un nouveau modèle de développement africain. 

L’intégration des pays de l’AES aux BRICS serait une alliance naturelle basée sur des objectifs communs : l’émancipation vis-à-vis des structures traditionnelles de pouvoir global, comme le G7 ou les institutions de Bretton Woods, qui ont souvent entravé le développement des pays africains. Le modèle des BRICS, avec des pays comme la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, offre une alternative crédible en mettant l’accent sur des partenariats égalitaires, la souveraineté et des mécanismes de financement adaptés aux besoins des économies en développement. 

Pour les États de l’AES, l’accès aux instruments de financement de la Nouvelle Banque de développement des BRICS offrirait un souffle économique nouveau. Ces pays, confrontés à des défis sécuritaires et économiques, bénéficieraient de financements moins contraignants que ceux imposés par les institutions occidentales. L’intégration au BRICS permettrait également de diversifier les partenariats économiques, en s’appuyant sur des relations fondées sur le respect mutuel et les intérêts partagés. 

Depuis des décennies, les pays sahéliens, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ont été dépendants des anciennes puissances coloniales, notamment la France, pour leurs besoins en matière de sécurité et de développement. L’alliance avec les BRICS permettrait aux États de l’AES de s’éloigner de ce modèle d’aide souvent perçu comme paternaliste. L’adoption de stratégies collaboratives avec des nations non occidentales comme la Russie, la Chine et l’Inde reflète la volonté des dirigeants de l’AES de redéfinir leur position sur l’échiquier international. 

Les BRICS, en prônant une vision multipolaire du monde, constituent une plateforme idéale pour les pays sahéliens cherchant à sortir des logiques néocoloniales. Les États membres du BRICS, chacun ayant une histoire de lutte pour leur propre souveraineté, partagent une expérience similaire de rejet des anciennes dominations impériales. Cette convergence d’intérêts stratégiques pourrait favoriser une alliance forte et durable entre les BRICS et l’AES. 

L’intégration des pays de l’AES au sein des BRICS ne se limiterait pas à des gains géopolitiques. Sur le plan économique, ces États pourraient accéder à des marchés émergents à fort potentiel et attirer des investissements stratégiques dans des secteurs clés comme les infrastructures, l’énergie ou encore les télécommunications. Par exemple, la Chine, acteur majeur des BRICS, est réputée pour ses projets d’infrastructure à grande échelle en Afrique. Pour les pays de l’AES, une telle coopération pourrait accélérer la modernisation des routes, des réseaux électriques et des systèmes de communication, essentiels pour le développement économique et la stabilité régionale. 

L’accès à des technologies militaires avancées via des partenariats avec des pays comme la Russie et la Chine permettrait également aux pays sahéliens de renforcer leurs capacités de défense et de sécurité intérieure. Face à l’instabilité chronique due aux groupes armés terroristes, les pays de l’AES pourraient bénéficier d’un soutien technologique crucial pour sécuriser leurs frontières et garantir la stabilité régionale, sans dépendre des interventions étrangères qui ont souvent échoué à résoudre les conflits locaux. 

L’adhésion des pays de l’AES aux BRICS pourrait créer un précédent en matière de coopération régionale en Afrique. En associant une alliance militaire régionale comme l’AES avec une coalition économique mondiale telle que les BRICS, ces pays pourraient poser les bases d’un nouveau modèle de développement panafricain, axé sur la souveraineté, l’autosuffisance et la coopération Sud-Sud. L’exemple des pays de l’AES pourrait inspirer d’autres États africains à se tourner vers les BRICS pour diversifier leurs partenariats et renforcer leur autonomie face aux institutions internationales traditionnelles. 

En fin de compte, l’intégration de l’AES aux BRICS offrirait une alternative audacieuse à l’ancien ordre mondial dominé par les puissances occidentales. Cette démarche permettrait aux pays sahéliens de redéfinir leur avenir économique et sécuritaire, en s’appuyant sur des partenariats respectueux et équilibrés. Si cette intégration réussit, elle pourrait marquer un nouveau chapitre de la coopération africaine, un chapitre où les nations africaines ne seraient plus les simples bénéficiaires d’une aide étrangère, mais des acteurs pleinement engagés dans la construction d’un ordre mondial plus juste et multipolaire. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV